Ma voix est un archipel. J’y ai tous les âges, j’y parle toutes les langues et y raconte des histoires sans paroles. Théâtre vibratoire, pont entre le silence et le cri, la solitude et le multiple, le mourant et le nouveau-né . La voix se fait en chantant. Alors je chante pour voir. Mais que voix-je ? »
Singulière et multiple, Leïla visite ses territoires intérieurs et en exhume les esprits. Seule en scène dans sa robe de nymphe et sa couronne embroussaillée, créature antique et joueuse à la fois, clown-enfant et femme lyrique, elle rassemble ses mondes, invoquant Bach au goulot d’une mignonnette, célébrant l’enfant qu’elle n’aura pas, vibrant à son piano toy sur des mémoires enfouies, passant du français à l’anglais et à l’espagnol ou encore à un de ces langages insensés dont elle a le secret, explosant en volutes de timbres imaginaires inimaginables, le tout ponctué par des confessions drolatiques sur le play bach, l’accordage des instruments en 440 et autres sujets pris à la volée.
Leïla plonge dans le bain des émotions avec une spontanéité rare. Se côtoient souvent, comme si on les avait cru antithétiques jusque là, la plus sincère componction avec la plus espiègle dérision.
Leïla Martial, magicienne extravagante et poignante, un peu clown un peu funambule qui sait passer de la douleur la plus pressante à de grands éclats de joie libérateurs »
Difficile de croire qu’elle n’a qu’une voix tant elle sait l’utiliser de mille manières, depuis le murmure, le babil et le gazouillis jusqu’au rap, au scat en roue libre et au grand cri libérateur. Ce pourrait être pesant si la performance seule était visée, mais Leïla Martial est une aventurière sincère, un corsaire de la vocalise, qui engage tout d’elle sur scène et nous mène ainsi où elle veut »
Les mots changent de couleurs dans sa bouche, se dilatent et/ou s’étirent, perdent de leur sens pour en trouver un autre, puis un autre, et encore un autre… Elle ne chante plus en français mais en… langues, ou en esperanto interstellaire si vous préférez. Elle swingue, elle groove, elle dérape, elle contrôle, elle scatte sans clichés, elle crie, chuchote, triture comme il faut les boutons de ses pédales d’effets, et toujours avec le sourire, jamais dans la souffrance. Cette demoiselle de Rochefort (plutôt Françoise, la brune, pas Catherine) est née sous le signe des jets-mots – vous savez, ces mots que le commun des mortels a sur le bout de la langue mais qui ne sortent jamais prendre l’air, hé bien, Leïla, elle l’a, le chic pour les faire danser sur nos tympans »
L’une des « maîtres » confirmés d’un instrument rare : cette voix à la créativité sans bornes »